Algorand est un projet qui fait parler de lui en proposant une preuve d’enjeu unique en son genre. Explications.
Algorand est un projet de blockchain qui intéresse les banques, des entreprises comme Mastercard, la publicité ou encore la gestion de l’approvisionnement. Non qu’elle ait découvert une solution miracle, mais sa blockchain résout de nombreux problèmes des blockchains existantes tout en permettant une grande scabilité.
Histoire d’Algorand
Algorand a été créé en 2019 par Silvio Micali, professeur au MIT et spécialiste du chiffrement, du Zero Knowledge, des protocoles de sécurité et de la blockchain. Il va proposer Algorand en se basant sur un principe simple qui est que les blockchains existantes ont toutes des défauts et qu’il faut autre chose.
En général, on distingue deux types de blockchain selon leur preuve de vérification, celle par le travail qui est derrière le Bitcoin et celle d’enjeu qui alimente Ethereum. La preuve de travail consomme beaucoup d’énergie et favorise la centralisation. Ainsi, le minage du Bitcoin est monopolisé par trois grandes entreprises de minage. La preuve d’enjeu est plus intéressante où un certain nombre de participants vont vérifier les blocs selon certains critères.
Cette preuve d’enjeu est divisée en deux catégories, la preuve liée (Bonded proof of stake) et celle qui est déléguée. La preuve liée va sélectionner des participants selon le nombre de jetons qu’ils vont mettre pour faire la validation. La variante déléguée va sélectionner des créateurs de blocs en tourniquet (round-robin) et ces créateurs sont « élus » par les utilisateurs du réseau. Chaque utilisateur va voter pour le créateur selon le nombre de jetons qu’il possède. Les votants peuvent déléguer leurs votes à d’autres utilisateurs.
Micali va proposer une troisième approche avec la preuve d’enjeu pure (Pure Proof-of-Stake) qui brille par sa simplicité.
Le Pure Proof-of-Stake d’Algorand
Même si les preuves d’enjeu précédentes sont plus démocratiques et transparentes, elles peuvent souffrir de plusieurs problèmes. La preuve liée implique que les utilisateurs doivent garder leur jeton pendant une durée prédéfinie pour avoir les votes sinon les jetons sont perdus. Et la variante déléguée amène de la complexité dans le processus.
Le Pure Proof-of-Stake de Silvio Micali permet à tous les utilisateurs du réseau de voter du moment qu’ils ont des jetons dans leur compte. Les meilleurs contributeurs sont sélectionnés selon le nombre de jetons, mais il n’y a pas de durée prédéfinie ou de délégation des votes. C’est un mécanisme très simple comme le fait d’actionner un interrupteur dans une pièce. À la minute où la pièce est allumée, vous êtes considéré comme un votant. Et l’aspect « pure » est que vous pouvez participer ou partir quand vous voulez. Il n’y a pas de conditions prérequises.
Cette simplicité permet de respecter ce qu’on appelle le protocole d’accord byzantin. Cela vient historiquement de la ville de Byzance qui a résisté aux attaques ennemies pendant de nombreuses années malgré des pannes dans ses machines de défense. De la même manière, l’accord byzantin est un protocole technique qui permet à des membres d’un réseau d’arriver à un consensus même si certaines machines du réseau sont attaquées par des entités malveillantes.
La simplicité et la rapidité pour parvenir à un consensus permettent à Algorand de fournir une Blockchain qui est flexible et suffisamment sécurisée dans tous les domaines.
Une grande scabilité
Un autre problème des blockchains est leur lenteur comparée aux transactions en ligne. Ainsi, Visa peut gérer 24 000 transactions par seconde tandis que Mastercard peut en gérer 5000. En comparaison, Ethereum, dans sa version finale, pourra gérer 100 000 transactions par seconde tandis que Bitcoin peine à 17 transactions par seconde.
Algorand dans sa forme actuelle peut gérer 6000 transactions par seconde ce qui signifie qu’il est déjà supérieur à Mastercard et même à Ethereum qui mettra du temps à scaler son réseau pour avoir 100 000 TPS. Cette rapidité fait qu’on peut utiliser Algorand dans le monde réel comme celui des paiements en ligne, mais aussi la gestion du transport ou encore dans la logistique pour suivre des chaines d’approvisionnement.
Les entreprises qui utilisent déjà Algorand
La blockchain d’Algorand a déjà été adoptée par plusieurs entreprises comme Circle (paiement), ChainGuardian (jeux vidéos) ou Aquiliz (publicité). Circle l’a utilisé pour lancer son Stablecoin tandis qu’Aquiliz l’utilise pour améliorer son réseau publicitaire. Récemment, Algorand a aussi décroché un contrat avec le gouvernement italien pour implémenter la blockchain au niveau des banques et des assurances du pays.
Et vu l’avance prise par Algorand dans les domaines de la transparence et de la scabilité, on peut penser que d’autres entreprises vont l’adopter dans le futur.